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31 janvier 2025

Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca

« Prévenir le suicide, c’est aussi cultiver la vie »

La 35e Semaine québécoise de prévention du suicide

La directrice générale du Centre de prévention du suicide de Rouyn-Noranda, Brigitte Laliberté.

©Photo gracieuseté.

La directrice générale du Centre de prévention du suicide de Rouyn-Noranda, Brigitte Laliberté.

Du 2 au 8 février, la 35e Semaine québécoise de prévention du suicide verra initiatives et activités fleurir en Abitibi-Témiscamingue. À ce propos, la directrice générale du Centre de prévention du suicide (CPS) de Rouyn-Noranda, Brigitte Laliberté s’est entretenue avec Le Citoyen.

Face à un taux de suicide élevé (trois suicides par jour au Québec, soit plus de 1 000 annuellement), le Centre de prévention du suicide de Rouyn-Noranda, dirigé par Brigitte Laliberté, œuvre sans relâche en soutien. 

« L'Abitibi-Témiscamingue a un taux de suicide quand même assez élevé quand on regarde les données de l'institut national de santé publique. Notre taux de suicide suit les tendances provinciales : quand ça baisse au niveau provincial, on baisse aussi. Mais on a une région avec un taux de suicide depuis 40 ans assez important », explique-t-elle. 

Cela dit, eu égard aux chiffres, Brigitte Laliberté nuance : les données officielles ont toujours un décalage d’environ deux ans : chaque décès par suicide fait l’objet d’une enquête du coroner avant d’être comptabilisé. 

Briser le silence pour sauver des vies
La population est invitée à s’informer et à parler ouvertement de ce sujet encore trop tabou. La directrice générale du Centre de prévention du suicide de Rouyn-Noranda insiste sur l’importance d’une mobilisation collective. Selon elle, les campagnes de sensibilisation et l’action des sentinelles permettent d’intervenir rapidement auprès des personnes en détresse, tout en évitant que d’autres tragédies surviennent. 

Elle souligne que c’est un travail d’équipe. « Le suicide est un problème de santé publique, mentionne Mme Laliberté, alors ça n’appartient pas juste au Centre de prévention du suicide. Le CISSSAT, la ligne en prévention du suicide est gérée à Malartic et le site suicide.ca » 

Les hommes : 75 % des suicides
Les statistiques montrent que 75 % des suicides au Québec concernent des hommes. La directrice générale confirme que la tendance s’observe aussi dans la région. 

« Effectivement, c’est une tendance qui se maintient même régionalement. Ça a changé avec les années mais c'est encore plus fréquent chez les hommes. La demande d'aide est plus difficile pour les hommes socialement. On apprend aux hommes qu'ils doivent être forts. Il faut accepter qu'on ne soit pas parfait, qu'on a besoin d'aide.  

C'est plus difficile pour un homme que pour une femme. Il y a plusieurs causes mais ça en est une. De là, de nombreuses campagnes s'adressant aux hommes dont régionalement on a une campagne qui s'appelle N'attends pas d'en avoir plein ton casque. Il y a le site Internet : attendspas.ca. C’est sur l'importance de demander de l'aide quand on est un homme. » 

Afin de rejoindre cette clientèle plus réticente, des interventions ciblées sont menées dans des milieux masculins, en plus de campagnes régionales visant à briser le tabou. 

Autre chiffre inquiétant : le suicide est la 8e cause de décès au Québec. « C'est quand même haut. Je considère qu'un seul suicide, c’est un suicide de trop. Ça devrait être la 20ᵉ cause de décès. » 

Des sentinelles pour prévenir
Pour freiner ces tragédies, le Centre de prévention du suicide mise notamment sur la formation de « sentinelles », des citoyens capables de détecter les signaux de détresse : « Les sentinelles sont des personnes adultes qui par leur travail ou leur implication sociale sont susceptibles de détecter des gens qui vont moins bien. Donc, nous ces gens-là, on va les former à détecter les signes. 

Comme quelqu’un qui a un cours RCR (réanimation cardiorespiratoire). Ce n'est pas parce qu'on a un cours RCR qu'on devient un ambulancier mais on est capable de faire les principales manœuvres en attendant le secours. » 

Il faut poser les bonnes questions et le soutien se fait par la parole : « « Oui, c'est de la discussion mais on outille les sentinelles à poser les bonnes questions : as-tu des idées suicidaires, penses-tu à t'enlever la vie. Pour ensuite être capable de se diriger vers les bonnes ressources et que la personne soit prise en charge. C’est un peu une façon de contribuer au filet social. » 

Un maillage bien organisé
Au-delà de la formation des sentinelles, l’important est de conjuguer les efforts. « Le suicide est un problème de santé publique. Donc, ça n’appartient pas juste au centre de prévention du suicide. Ça appartient à une majorité d'intervenants : les intervenants du CISSSAT aussi. On a la ligne en prévention du suicide gérée à Malartic. On a suicide.ca, un site internet qui permet du clavardage. » 

Le CPS de Rouyn-Noranda reste flexible : « nous sommes joignables du lundi au vendredi de 8h30 à 16h30. Notre horaire peut être adaptable : on peut rencontrer les personnes en détresse au-delà des horaires susmentionnés. On essaie, le plus possible, de rencontrer en présentiel. Si la boîte vocale embarque, en revanche, ça réfère la ligne 1-866-APPELLE qui, elle, fonctionne 24 heures sur 24. » 

« Venez nous voir ! »
« J’invite tout le monde à participer. Venez nous voir! On intervient en milieu scolaire. On va être au centre hospitalier, au centre Bernard Hamel. Cette année, on essaie de faire prendre conscience de nos facteurs de protection : « qu’est-ce qui me fait du bien dans la vie ? Qu’est-ce que j’aime ? Mes passions ?” Prévenir le suicide, c'est aussi cultiver la vie », conclut Brigitte Laliberté. 

Ressources à retenir

  • Centre de prévention du suicide de Rouyn-Noranda : du lundi au vendredi 8 H 30 à midi et 13 H à 16 H 30 (819-764-5099) 

  • Ligne 1 866 APPELLE (277-3553), texto 535353, disponible 24 h/24 

  • Site de clavardage : suicide.ca 

  • 811, option 2 : pour parler à un(e) intervenant(e) 24 heures sur 24.

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